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Le Kôhaku : le rouge et le blanc

Apparu à la radio en 1951 puis à la télévision en 1953, le Kôhaku Uta Gassen(Affrontement de chansons entre rouges et blancs) est devenu une institution du petit écran au fil des décennies.

Le duel entre akagumi (équipe des rouges, les filles) et shirogumi (équipe des blancs, les garçons) a même battu des records d’audimat.

1951. Le Japon entre dans l’après-guerre. Le 3 janvier, la NHK diffuse la toute première édition du Kôhaku. Le concept est simple : les artistes ayant marqué l’année passée s’affrontent dans un duel entre sexes. Si l’émission dure une heure seulement, elle paraît une éternité aux standardistes débordés par les appels : un tel succès implique une deuxième édition l’an suivant. En 1953, l’émission est diffusée pour la première fois à la télévision. Cette année charnière aura donc eu l’honneur d’accueillir la troisième (2 janvier, radio uniquement) et la quatrième (31 décembre, radio et TV) éditions du Kôhaku.
Désormais, chaque Saint-Sylvestre sera agrémenté de son combat lyrique garanti sans playback. Et sur invitation.

Maxi best-of deluxe

La première émission durait à peine une heure, les émissions télévisées duraient 2h45… jusqu’en 1989 où la durée encore actuelle du Kôhaku a été inaugurée : 4h25 ! C’est donc une pléiade d’artistes conviés à l’événement par la NHK, plus de 25 par équipes. Et pourtant, un comité sélectionne sans pitié ceux qui recevront le précieux sésame, selon plusieurs conditions : faire partie des meilleures ventes ou des demandes majoritaires d’un sondage à travers le pays, posséder un titre correspondant au thème de l’année (celui de 2010 est « Connectons-nous à travers les chansons ! »), sans oublier avoir la décence nécessaire pour ce spectacle avant tout familial.
On retrouve ainsi tous les styles, en un gigantesque patchwork des best sellers musicaux de l’année où l’enka, style de chanson des années 60 adulé chez les plus vieux, côtoie les idols et les Johnny’s.
En tout cas, pour tous les artistes, la première participation au Kôhaku est un accomplissement dans leur carrière.

Sous vos applaudissements

Pour déterminer quelle équipe a remporté le duel, on fait appel au vote de plusieurs jurés sélectionnés parmi des personnalités ayant marqué l’année, des 3000 abonnés de la NHK tirés au sort sur participation (les demandes affluent chaque année) présents dans le NHK Hall, lieu historique du Kôhaku ainsi que, récemment, des téléspectateurs via téléphone portable ou boîtier de réception TV. Chaque année, les équipes sont soutenues par un capitaine co-présentant l’émission.

Pouvant varier d’un an sur l’autre, certains visages reviennent pourtant fréquemment sur de longues périodes, preuve de popularité s’il en est. Shizuo Yamakawa a ainsi brillé à la fin des années 70  en représentant neuf fois de suite l’équipe blanche. Plus récemment, Yumiko Ûdo et Wataru Abe ont laissé place à la belle Yukie Nakama et au joyeux membre des SMAP Masahiro Nakai.

Cette année, on retrouvera Wataru Abe en médiateur, mais c’est surtout une énorme surprise puisque l’équipe blanche ne sera pas représentée par un mais cinq garçons ! Et pas des moindres, les ultra-populaires Arashi, dont la première apparition au Kôhaku remonte à… l’an dernier ! La jolie Nao Matsushita ne saura plus où donner de la tête.

Les paris sont tout verts (ou rouges, ou blancs)

En famille ou entre amis, nombreux seront les Japonais à regarder, cette année encore, leKôhaku. Car le spectacle est assuré, à un degré de perfection rarement vu dans une émission de variétés, où tout est réglé au millimètre (il faut voir une performance de Sachiko Kobayashi pour en comprendre la démesure). Car tous se demandent si la suprématie des garçons continuera avec une sixième victoire d’affilée. Car comme chaque année, le Kôhaku contiendra un des éléments principaux de conversation pour entamer l’année. On vous laisse imaginer ce qui nous attend pour la fin de 2010 avec un rappel des années précédentes.

2006 : DJ OZMA, projet solo de Sumidata Ozumano (également connu comme leader de Kishidan), choque le Japon. A la fin de sa chanson Age age every night, les danseuses ont ôté leurs costumes pour apparaître en justaucorps couleur chair imitant à s’y méprendre un corps nu. Le standard a explosé et Yukie Nakama a dû présenter les excuses de la chaîne en direct face à des Japonais outrés de cette attitude devant des enfants.

2007 : C’est un homme qui représente l’équipe rouge ! Masahiro Nakai est le fier capitaine de l’équipe des filles… qui perdra pourtant, pour la troisième fois consécutive, malgré la première participation des AKB48. C’est la Tour de Tôkyô qui annonce la victoire des garçons en s’éclairant de blanc. La performance de Gackt, qui jouait le rôle principal du drama de l’année sur la NHK, Fūrin Kazan, toute en mégalomanie comme on l’aime, y est pour beaucoup.

2008 : Première participation pour Perfume et Ikimonogakari. C’est également l’intronisation de Jero, premier chanteur d’enka noir de l’histoire.

2009 : Des hurlements stridents accueillent les Arashi, dont c’est la première prestation auKôhaku. On retiendra l’hommage à Michael Jackson par des SMAP au sommet de leur forme et la participation d’une star européenne (fait rarissime) en la personne de Susan Boyle.

On ne sait évidemment rien de la programmation pour l’année 2010, si ce n’est la liste des chansons interprétées qui a été divulguée le 21 décembre : l’absence de groupes coréens malgré leur explosion sur le marché japonais fait déjà l’objet de débats, avant même la diffusion de l’émission. Les abonnés à JSTV pourront profiter de l’événement découpé en trois tranches d’une heure le 31 décembre (vive le décalage horaire) pour découvrir le spectacle. Sinon, demandez à un ami japonais de vous l’enregistrer. Les plus grands artistes ont prévu leurmedley spécial 2010 pour cette occasion unique : AKB48, SMAP, Koda Kumi, Arashi… Autant dire que le Kôhaku reste l’événement musical majeur au Japon et n’est pas près de perdre ce statut.